Pourquoi mon enfant peut-il être méchant avec les autres ?
- Laetitia AUBER
- 24 juin
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 août

Il est toujours difficile pour un parent d’apprendre que son enfant a été méchant avec un camarade. Que ce soit par des paroles blessantes, des gestes agressifs ou une attitude d’exclusion, ces comportements soulèvent rapidement des inquiétudes. « Est-ce normal ? », « Est-ce de ma faute ? », « Que dois-je faire ? » Autant de questions légitimes qui méritent une analyse approfondie. Être méchant n’est pas nécessairement le signe d’un “mauvais” enfant, mais souvent l’expression de besoins non comblés, d’émotions mal gérées ou de difficultés relationnelles.
Un développement émotionnel encore immature
Les jeunes enfants ne possèdent pas encore toutes les compétences nécessaires pour gérer la frustration, la colère ou l’envie. Quand un enfant se montre méchant, il exprime souvent un malaise qu’il ne sait pas verbaliser autrement.
Il peut frapper ou insulter parce qu’il est dépassé par ses émotions.
Ce comportement, bien que difficile à accepter, fait partie du processus d’apprentissage émotionnel.
Par exemple, un enfant de 10 mois qui tire les cheveux d'un autre enfant ne le fait pas pour lui faire mal, mais pour explorer et découvrir les réactions de l'autre. Les parents et les éducateurs doivent accompagner l'enfant avec calme et fermeté, en lui apprenant que ces comportements ne sont pas acceptables et en lui montrant comment interagir de manière appropriée.
Une recherche d’attention ou de pouvoir
Parfois, un enfant agit méchamment pour attirer l’attention, surtout s’il a l’impression de ne pas en recevoir suffisamment, à la maison ou à l’école. Dans d’autres cas, c’est une tentative de prendre le dessus sur un groupe ou une situation, pour affirmer sa place. Cela peut être un moyen maladroit de se sentir important, fort ou reconnu.
Les parents et les éducateurs doivent jouer un rôle de médiateur, en aidant les enfants à exprimer leurs émotions et à résoudre les conflits de manière pacifique. Par exemple, apprendre à un enfant à dire "non" ou "ça fait mal" peut l'aider à gérer les situations conflictuelles de manière plus constructive.
Une imitation des comportements observés
Les enfants apprennent beaucoup par imitation. Si un enfant est témoin de comportements agressifs — à la maison, dans des médias ou même à l’école — il peut les reproduire sans en comprendre les conséquences.
L’influence du langage, du ton employé et des réactions des adultes autour de lui joue un rôle fondamental dans la construction de ses propres interactions sociales.
Un mal-être ou un trouble sous-jacent
Dans certains cas, une méchanceté répétée peut être le symptôme d’un mal-être plus profond. Des troubles comme l’anxiété, le TDAH (trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité), ou encore des difficultés relationnelles ou scolaires peuvent entraîner des comportements agressifs. L’enfant n’est pas "méchant", mais en souffrance.
Le contexte familial
Des contextes familiaux difficiles, marqués par des disputes ou des violences, peuvent influencer le comportement de l'enfant. Les enfants imitent souvent les adultes et reproduisent les comportements qu'ils observent à la maison.
Il est essentiel pour les parents et les éducateurs de créer un environnement stable et sécurisant pour l'enfant. En lui montrant des modèles de comportement positifs et en l'aidant à exprimer ses émotions de manière appropriée, on peut l'aider à surmonter ces difficultés.
Des limites mal posées ou floues
L’enfant teste les limites pour comprendre ce qui est acceptable ou non. Si ces limites sont floues, absentes ou changeantes, il peut adopter un comportement méchant sans en percevoir la gravité. L’absence de conséquences cohérentes peut entretenir, voire aggraver, ce type de comportement.
Comment réagir en tant que parent ?
Rester calme et bienveillant, même si le comportement choque. L’enfant a besoin d’un adulte stable pour l’aider à se réguler.
Nommer les émotions : « Tu avais l’air très en colère quand tu as dit cela. » Cela l’aide à prendre conscience de ce qu’il ressent.
Expliquer les conséquences : à la fois celles sur les autres (« Tu as fait de la peine à Paul ») et celles sur lui (« Si tu continues, les autres risquent de ne plus vouloir jouer avec toi. »).
Poser des limites claires et constantes, tout en offrant des solutions alternatives pour exprimer ses frustrations (dessin, parole, temps calme…).
Valoriser les comportements positifs : chaque geste de gentillesse ou de coopération mérite d’être souligné pour encourager leur répétition.
Chercher de l’aide professionnelle si le comportement devient fréquent, intense ou perdure dans le temps.
Un enfant peut être méchant pour mille raisons, mais aucune ne fait de lui un « mauvais enfant ». Ce comportement est souvent le reflet d’un déséquilibre émotionnel, d’un besoin non exprimé ou d’un apprentissage incomplet des relations sociales. Plutôt que de le juger ou de le punir excessivement, il est essentiel d’écouter, de comprendre et d’accompagner. L’éducation bienveillante, ferme mais empathique, reste l’un des meilleurs outils pour aider un enfant à grandir dans le respect de lui-même et des autres.